Quand les laines Plassard laissent place à l’art
Gérard Breuil et Gérard Mathie - Directeurs artistiques

Isolé dans son atelier l’artiste reste entièrement libre de ses choix, fragile équilibre entre doutes et certitudes. Pour un éventuel visiteur, son travail en cours ou antérieur est présenté souvent de façon sommaire et intime, hors de toute logique et chronologie, parfois posé sur un chevalet, parfois retourné contre un mur quand il n’est pas stocké sous papier bulle ! Ici, sous la lumière du jour ou un éclairage basique au néon, les toiles s’offrent au regard les unes après les autres : ce n’est pas sans charme mais c’est plutôt l’atmosphère de l’atelier qui prime, avec ses bruits, ses odeurs, les outils bien rangés ou éparpillés, les matériaux dispersés çà et là…

Anne Plassard et Jean-Denis Aznar, anciens dirigeants des « Laines Plassard » ont conservé le site de la filature à présent déserté, peuplé uniquement par la présence fantomatique des ouvrières et ouvriers qui se sont activés entre ses murs depuis plusieurs générations et par le souvenir de la clameur des machines  qui claquent et cliquent, couinent, grincent et raclent dans un langage mécanique qui s’éteint peu à peu. Désireux de ne pas laisser leur friche à l’abandon et de lui donner une nouvelle vie, Anne et Jean-Denis se sont donc tournés vers nous afin que l’on y organise des projets culturels. Merci pour le crédit qu’ils nous accordent et qui nous honore. Merci aussi à eux de privilégier des événements artistiques dans un milieu rural en demande où ce type d’initiative est hélas bien trop rare… 

En l’absence de fil continu finalement réducteur, l’expression artistique se moque de l’obligation de se plier à des critères de classification, mais se doit, derrière sa substance de source fatalement éclectique, de faire œuvre commune. Il n’est pas question ici de présentation égotique d’œuvres détachées de tout contexte. Et plus qu’un fil conducteur, qu’une bonne galerie serait tenue de conduire, il s’agirait là d’un fil d’Ariane où chacun tendant à sublimer l’espace que son œuvre habite, réhabilite le lien existant dans cette manufacture autrefois vouée à la production de laines, occupée par des machines imposant l’adéquation d’un modèle architectural aux normes de production. Un tout quoi. L’idée de convergence, sur des bases hétéroclites, et dans un lieu chargé d’histoire, est la clé d’une réaffectation du bâtiment, sans allégeance mais dans l’esprit de préserver son âme structurelle et mémorielle. Ainsi, en amont du travail de conception et de mise en espace qui incombe aux commissaires d’exposition, les artistes sont conviés à une visite préalable censée leur fournir la possibilité d’appréhender les spécificités et le caractère propre à l’ancienne fabrique.
Et comme une chose en entraîne une autre, plusieurs évènements se dérouleront durant les expositions: lectures, performances, conférences…

 

 

Vers 1500                 

16ème - 19ème

 

 

 

Milieu du 19ème 

1889                             

 

2016 
2022 

REPÈRES CHRONOLOGIQUES

 Création du moulin de Champerny pendant la Renaissance, période de grand élan démographique et artistique

Pendant plus de trois siècles, c’est un moulin à blé dont on utilise l’énergie hydraulique, selon les époques et les opportunités, pour d’autres activités (scierie…). C’est aussi un lieu de rencontre. Tous les chemins de la vallée convergent vers le moulin où l’on passe le Sornin à sec sur l’un des  plus vieux ponts de cette rivière.

Le moulin, mal entretenu, est peu à peu abandonné et tombe en ruines.

 Rachat du moulin par la famille Athenoud Plassard qui le transforme en filature de laine cardée. L’eau du bief est alors utilisée pour laver la laine et pour actionner les machines. Filature qui fonctionnera pendant 4 générations.

Faute de repreneurs familiaux vente de la société Plassard.

Déménagement à Chauffailles de la société Plassard.